Quand, à mes pieds tombe une plume,
le ciel rencontre la terre…
La plume est un symbole médiateur entre l’invisible et le terrestre, le subtil et la matière. Trait d’union entre le monde spirituel et physique.
Je ne peux capter l’essence spirituelle avec la main. Mon essence profonde n’est donc pas manipulable. On ne peut me l’ôter ! Je ne peux ni l’accaparer, ni la blesser.
Cela me ramène à l’amour au fond de moi. Il est toujours là, même si je ne sens plus sa présence, telle une empreinte dans le sable qui s’effacerait peu à peu mais dont je peux retrouver le scintillement à chaque instant par le souvenir, la rencontre, ou en recréant l’alchimie qui va rallumer la flamme.
L’essence est de l’amour à l’état pur. Elle se nourrit de tout ce qui est délectable[i]. La personnalité, meurtrissable et conditionnelle, se modèle face à l’autre, et construit mon sentiment d’individualité. Essence et personnalité sont les deux ailes, indissociables l’une de l’autre, qui érigent celle ou celui que je suis et fait de moi un être humain à part entière.
Spontanément, j’ai prénommé Marion, cette femme qui m’est apparue lors d’un dilemme : poursuivre ou non un atelier de magnétisme, dont j’avais atteint la moitié de la troisième année. Alors que je tranchai par l’affirmative, son visage apparut, rayonnant le contentement. En ce qui concerne notre deuxième rencontre, elle s’est faite un soir chez ma mère quand je venais à peine de me coucher (j'étais encore immergée dans les chants de la comédie musicale "Notre Dame de Paris"). Cette fois, elle arborait un collier au creux de son sein, fourni d’une parure de plumes bleues, duveteuses, sur lequel reposait un bijou doré en forme de plume, là aussi.
Son visage me rappelle étrangement celui du personnage féminin de Danse avec les loups. Kidnappée enfant par une tribu des Plaines, elle tombe amoureuse du soldat déserteur de la guerre de Sécession, qui se lie avec le clan (incarné par Kevin Costner).
La troisième fois, je suis en train de me relaxer complètement pendant les quelques secondes d’apnée qui succèdent à l’expiration. Dès que je pense à elle, dans ma vision une plume blanche, dont le sommet de la lame est bleu, est déposée au creux d’une main. La latéralité gauche me rappelle que cette main est la presqu’île au bout du bras qui longe le rivage du cœur.
De manière imagée, ce monde de l’intangible se laisse aborder quand je décide délibérément d’éteindre la lumière pour mieux contempler le scintillement des étoiles dans la nuit noire. Mais certains rêves m’indiquent aussi que je laisse les animaux guide de l’autre côté (derrière une immense baie vitrée dans mon cas), qui s’érige comme une séparation entre nous. Cette récurrence dans le rêve m’indique que je perpétue des a priori, des peurs, un manque de disponibilité et d’écoute. Si j’arrivais à lâcher mes peurs, et m’offrir plus de temps d’accueil, les deux continents pourraient se toucher plus souvent et la connexion pourrait être meilleure.
Mon intériorité est un univers à lui tout seul. La dimension ciel de mon essence spirituelle est, à mon humble avis, à l’intérieur et non dans le firmament. J’abrite dans mes corps subtils (mon aura), toutes les formes de divinités (animaux tutélaires, guides, anges, divinités, figures relieuses…).
Le monde invisible est peut-être, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur (en ce qui concerne les fantômes par exemple), mais se vit, et s’appréhende de l’intérieur grâce aux ondes alpha du cerveau qui sont le Sesam pour que la porte s’ouvre et que l’information pénètre dans ma sphère.
Sur terre, l’effleurement de la plume est caresse. « L’impalpable » (autre synonyme pour l’intangible), comme la plume, touche quelque chose de doux en moi. Le symbole de la plume me rappelle la délicatesse qui se joue entre l’intangible et moi, entre mon guide et moi. Tel un geste de tendresse et d’amour. Et ce souvenir de la sensation d’une plume fait appel à la sensualité, aux sens. La dimension Terre, est ce corps de sensation, poreux entre les deux mondes. Il est l’ancre des mondes matériel et immatériel. Là où se rejoignent le ciel et la terre.
Véronique Mahieu
Illustration : Pixabay
[i] Lire Luis Ansa, La voie du Sentir. Editions Le Relié. 2015.