PLUMe du jour : Le vieil homme, l’ange et moi (rêve éveillé)Partie I Ce dimanche matin, avant de me lever, la vision d’un viel homme tout vêtu de brun, vient vers moi. Sorte de vagabond trapu qui chemine dans la forêt, tel un homme des bois ou un esprit de la nature. Je ne suis pas à l’aise, ce personnage semble révéler des peurs spectrales enfouies dans ma psyché. Je suis souvent intranquille au réveil, alors que ma psyché a encore la tête sous la couverture de l’inconscient, et que mon mental pose déjà le pied gauche dans les tracas du moment. Comme avec les cauchemars, je peux transformer les images qui me mettent mal à l’aise en les modifiant. Sorte de rêve éveillé, de remaniement du scénario perturbateur. Je choisis alors un paysage ensoleillé avec une source d’eau pour que l’homme s’abreuve et se lave, lui met à disposition des objets et des produits pour la toilette et de quoi se nourrir. Puis, je reprends le cours de ma vie. Une petite analyse s’impose. Mes indices : le brun est rattaché à la terre, la boue, la vase. Le mélange de toutes les couleurs sur la palette du peintre. Cette couleur terre me transmet que cet homme est couvert de la boue de mon esprit. Je l’admets, mon mental disharmonieux la remue souvent, maintenu sous le joug des émotions refoulées (les eaux troubles), non intégrées (ma cuisse gauche frissonne), et des situations de vie nuisibles à ma tranquillité. Ce vagabond erre dans ma tête, les bois de l’inconscient, à la recherche d’un domicile où se sentir chez lui et faire fleurir les pistils de la lumière. Il courbe le dos sous le poids du ressassement des petits malaises quotidiens. Alors, c’est plus aisé pour lui de prendre la fuite en continuant d’errer. Dans ma vie, je remue souvent ciel et terre en cultivant l’illusion que je suis le seul maître de mon destin. Je tente de faire advenir des lendemains qui chantent en mettant en place des projets. Il m’arrive de me plonger dans les bras de la création… Pour concrétiser mes désirs, je vais de l’avant ! Et c’est tout à fait légitime. Mais que se passe-t-il, tant que je n’ai pas ôté et décrassé les manteaux d’amertume, de tristesse, de peur, de lassitude, de mépris ? Je ne trouve pas la liberté chérie… La vieillesse prématurée n’est pas liée à l’âge mais aux vieilles énergies qui « vagabondent toujours » à l’intérieur, les souillures émotionnelles et mentales. Avec sa canne, sous le croche-pied de l’instabilité émotionnelle, il tente tant bien que mal de maintenir un équilibre précaire. Pour me tenir dans l’axe de ma vérité, en effet, j’ai encore besoin de béquilles (la canne) car je bâtis perpétuellement ma vie sur un vieux monde souterrain qui compose avec la maltraitance ordinaire et hante la chambre de mon âme. Véronique Mahieu 4 décembre 2019 Illustration : Véronique Mahieu |